II. Les cas d'exceptions qui n'en sont pas
Beaucoup de personnes, qui sont d'accord sur le fait que l'avortement est un crime en soi, pensent cependant qu'un certain nombre de situations plus ou moins exceptionnelles peuvent justifier le recours à l'avortement. Réfléchissons sur ces situations :
La grossesse non désirée
Une grossesse non désirée dans les premiers mois de la gestation ne signifie pas
nécessairement que le bébé ne sera pas désiré après l'accouchement. Nombreux sont
les cas où la jeune mère ayant décidé de mener sa grossesse jusqu'à son terme pour le
confier à un couple stérile est revenue sur sa décision en disant: "C'est mon
enfant !... Je le garde !...". Il est grand temps de réaliser que dire
"cette femme ne veut pas de son enfant, donc l'enfant va être malheureux, donc je
tue l'enfant" revient à accepter qu'une société tue les malheureux et refuse de
les aider. Si une femme ne peut pas pour une raison ou une autre garder son enfant, elle
peut toujours le confier à un orphelinat.
L'enfant malade, l'enfant qui doit
mourir jeune
Si l'enfant est malade, comme tout malade, il a le droit d'être soigné et tout
médecin devrait avoir le devoir de préserver sa vie. Que l'enfant risque de mourir jeune
n'implique nullement qu'il n'ait pas le droit à la vie, même si elle doit être trop
courte hélas... Nous n'allons tout de même pas tuer un enfant sous prétexte qu'il
aurait un certain handicap ! Ou alors, en toute logique, il faudrait éliminer tous les
individus de nos sociétés qui ont une maladie, une malformation quelconque... Cela ne
tient pas debout !
Le viol
Il convient de préciser, tout d'abord, qu'une grossesse due à un viol, est une
chose très rare. Outre le fait que la femme n'est féconde que pendant quelques jours sur
un cycle menstruel, l'organisme féminin violenté produit une réaction de rejet. Ceci
dit le viol reste un cruel traumatisme. Inutile de lui ajouter le traumatisme d'un
avortement. L'enfant, totalement innocent, issu d'un viol, doit-il payer de sa vie le
crime commis par son père ? L'horreur du viol subi par la mère qui reste bien la mère
biologique de l'enfant sera-t-elle diminuée si elle supprime cette vie innocente ? Il
suffit de relire le témoignage qui figure en haut de cette page pour se convaincre, s'il
en était encore besoin, que l'enfant issu d'un viol a parfaitement droit à la vie. Si la
femme ne peut garder l'enfant, elle peut toujours le confier à un orphelinat. Nombreuses
sont les familles (20.000 couples chaque année en France) qui souhaitent adopter des
enfants. Et même dans le cas où il ne retrouvera pas de nouveaux parents, nous n'allons
pas tuer un enfant parce qu'il n'aurait pas de parent à sa naissance ! Il nous faudrait
alors tuer tous les orphelins sous prétexte qu'ils vivent malheureusement, n'ayant pas de
parent !
La mère a le SIDA
On sait aujourd'hui, de façon absolument certaine, que près des trois quarts des
enfants nés de mère séropositive échappent complètement à la maladie du SIDA. On ne
sait pas exactement pourquoi certains y succombent... L'administration d'AZT ou de
RETROVIR à la mère séropositive fait même tomber à 8% les chances que son enfant
puisse devenir séropositif... Même si l'on pouvait deviner un jour que tel ou tel enfant
in utero court un risque beaucoup plus grand que les autres, cela ne changerait pas la
question... Il se peut que demain cette maladie soit complètement guérissable. De toutes
façons, c'est la maladie qu'il faut vaincre et non le malade qu'il faut éliminer...
Proposerait-on de tuer des malades séropositifs pour leur éviter de souffrir plus tard
d'une maladie mortelle ?
Le cas du choix entre la vie de la
mère et la vie de l'enfant : la seule situation qui demande une étude au cas par
cas
Il semble qu'à l'heure actuelle la médecine ait fait de tels progrès que choisir entre
la mère et l'enfant devienne démodé. Aujourd'hui on sauve la mère et l'enfant.
Evidemment parfois on est obligé de choisir de faire accoucher prématurément, de
transfuser l'enfant in utero, de faire une réanimation rénale de la femme. Les rares cas
qui se présentent encore où il faut choisir entre la mère et l'enfant demande à être
considérés de manière individuelle.