Severino Antinori
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Un embryologue italien, le Dr. Severino Antinori, avait annoncé en août qu´il avait l´intention de lancer la première tentative de clonage humain. Il semblerait que cette folie se soit concrétisée. Ce spécialiste des effets d'annonce en a réservé la primeur à un colloque tenu aux Emirats Arabes Unis. Il a affirmé qu'"une femme, parmi les milliers de couples infertiles participant au programme, est enceinte de huit semaines", rapporte le site de New Scientist, le 5 avril 2002, citant le journal Gulf News.

Retour sur le passé de cet apprenti sorcier...

En 1993, le Dr Antinori annonce la grossesse d'une femme ménopausée de 62 ans. L'opération n'a rien de révolutionnaire mais brise un tabou. Adepte des coups médiatiques autant que scientifiques, le gynécologue Severino Antinori trouve parfois un certain charme à l'ombre et à l'opacité. Notamment lorsqu'il s'agit
d'illustrer le fonctionnement de son petit empire de la fécondation assistée et ses recherches sur la procréation artificielle.

Depuis une quinzaine d'années, des milliers de couples stériles auraient été accueillis dans ses bureaux, qui abritent également l'Institut international des chercheurs associés pour la reproduction assistée (Raprui = Ricercatori associati per la Riproduzione Umana) dirigé par ce même Severino Antinori. Site Web du RAPRUI.

Le succès arrive lorsque le gynécologue à la grosse moustache et à la crinière grisonnante annonce, dans une émission télévisée, avoir fabriqué le premier «fils-frère». Il avait prélevé l'ovule fécondé d'une mère puis l'avait déposé dans l'utérus de sa fille, s'assurant une certaine notoriété. Celle-ci fait un autre bond lorsque, en décembre 1993, il annonce la grossesse de Rosanna Giorgi Della Corte, une femme ménopausée de 62 ans. Un petit Ricardo naît en juillet de l'année suivante et donne à son tour naissance à un nouveau terme: les «mères-grands-mères». «D'un point de vue strictement technique, l'opération d'Antinori n'avait rien de révolutionnaire, mais il avait osé aller au-delà des codes déontologiques et des lois éthiques tels que nous les concevons», commente Giuseppe Del Barone, président de la Fédération italienne des ordres des médecins.

Pour asseoir sa réputation, Severino Antinori n'hésite pas à s'offrir des encarts publicitaires dans les principaux quotidiens. «Je veux redonner espérance à quiconque ne peut avoir d'enfants», répète-t-il à l'envi. De fait, des milliers de patients, tant italiens qu'étrangers, s'adressent à lui malgré un tarif de consultation qui s'élèverait à plus de 300 euros (environ 2000 F) la visite. «Enormément d'argent lui passe entre les mains, affirme Mario Falconi, le président de l'ordre des médecins romains. Antinori n'a pratiquement jamais rien publié dans les grandes revues scientifiques. Mais en multipliant les annonces chocs, il a obtenu une
grande visibilité dans les médias du monde entier et a attiré ainsi de très nombreux patients. Pour le reste, son activité est très mystérieuse.»

Ses coups d'éclat lui valent de nombreuses polémiques avec l'Eglise, mais aussi quelques démêlés avec ses pairs. Notamment depuis qu'il a annoncé, au printemps, son intention de se lancer dans le clonage d'êtres humains. Le docteur, dont les efforts pour aider les femmes ménopausées à avoir des enfants défraient périodiquement la chronique, a annoncé avoir mis sur pied une collaboration internationale privée pour cloner un être humain. C'est son associé, l'Américain Panayiotis Zavos, un spécialiste de la stérilité masculine à l'Université du Kentucky (Etats-Unis), qui a communiqué leur projet à la presse lundi 29 janvier. Leur projet est de faire se développer un embryon créé en substituant au noyau d'un ovule féminin le noyau d'une cellule du sujet que l'on veut cloner. Le premier être vivant fabriqué ainsi a été la brebis Dolly, née en Ecosse en 1996. A l'époque, les comités d'éthique s'étaient tous élevés contre la possibilité de l'application de la technique aux êtres humains. Depuis, une distinction a été faite entre création de tels embryons pour se reproduire – qualifiée de clonage reproductif – ou pour en dériver des lignées cellulaires à visée thérapeutique – clonage thérapeutique. Le principe de ce dernier a été accepté par le Parlement britannique et figure dans le projet de révision des lois de bioéthique français.

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