SACERDOTALIS CAELIBATUS LETTRE ENCYCLIQUE
Aux Evêques Vénérables Frères, chers Fils, Salut et Bénédiction Apostolique
Le célibat sacré aujourdhui 1. Le célibat sacré, que lEglise garde depuis des siècles comme un joyau splendide, conserve toute sa valeur également à notre époque caractérisée par une transformation profonde des mentalités et des structures. Cependant, dans ce climat où fermentent tant de
nouveautés, sest fait jour entre autres choses la tendance, voire la nette
volonté, de presser lEglise de remettre en question cette institution
caractéristique. Daprès certains, lobservance du célibat ecclésiastique
constituerait maintenant un problème; elle deviendrait quasiment impossible de nos jours
et dans notre monde. Une promesse de Notre part 2. Cet état de choses, qui émeut la conscience dun
certain nombre de prêtres et de jeunes aspirants au sacerdoce et leur crée des
perplexités, et qui déconcerte beaucoup de fidèles, Nous oblige à tenir sans plus de
délai la promesse faite naguère aux Pères du Concile: Nous leur avions signifié notre
projet de donner plus déclat et de force au célibat sacerdotal, dans les
circonstances actuelles.(1) Depuis lors Nous avons longuement et instamment invoqué les
clartés et lassistance de lEsprit Saint et Nous avons, en présence de Dieu,
considéré les avis et les demandes reçus de tous côtés, surtout de la part dun
bon nombre de Pasteurs de lEglise de Dieu. La réalité et les problèmes 3. La question
concernant le célibat du clergé dans lEglise a longuement retenu Notre attention,
dans toute son ampleur et sa gravité : faut-il encore aujourdhui maintenir
cette obligation exigeante et sublime pour les hommes qui désirent accéder aux ordres
majeurs ? Lobservance de cette obligation est-elle possible, est-elle opportune
aujourdhui ? Le temps ne serait-il pas venu de rompre le lien qui, dans
lÉglise, attache le célibat au sacerdoce ? Cette observance difficile
pourrait-elle devenir facultative ? Le ministère sacerdotal ny gagnerait-il
pas et le rapprochement cuménique nen serait-il pas rendu plus aisé ?
Que si cette noble loi du célibat doit rester en vigueur, quelles sont les raisons qui
aujourdhui en montrent la sainteté et la convenance ? Enfin moyennant quelles
aides peut-elle être respectée, et comment la vie sacerdotale y trouvera-t-elle, au lieu
dun poids, un soutien ? Ampleur et gravité de la question 4. Nous avons consacré une attention particulière aux objections de divers genre quon a formulées contre le maintien du célibat sacerdotal. Un sujet dune telle importance et dune si grande complexité ne Nous impose-t-il pas, en vertu du service apostolique qui Nous incombe, de regarder loyalement la réalité et les problèmes quelle implique, mais en projetant sur eux, comme cest aussi Notre devoir et Notre mission, la lumière de la vérité qui est le Christ, dans lintention daccomplir en tout la volonté de Celui qui Nous a appelé à cette charge, et de Nous montrer tel que Nous sommes devant lEglise, serviteur des serviteurs de Dieu.
Les objections contre le célibat sacerdotal Le célibat et le Nouveau Testament 5. Jamais comme à lheure actuelle, on peut le dire, le thème du célibat ecclésiastique na été étudié avec plus de rigueur sous tous ses aspects, et cela aux différents plans : doctrinal, historique, social, psychologique et pastoral ; bien souvent ce fut avec des intentions fondamentalement droites, même si parfois elles ont été trahies dans leur expression. Examinons en toute honnêteté les objections principales opposées à la loi qui lie le célibat au sacerdoce. La première semble venir de la source la plus
autorisée : le Nouveau Testament, où nous est gardée la doctrine du Christ et des
Apôtres, nexige point le célibat des ministres sacrés, mais le propose comme
libre obéissance à une vocation spéciale, à un charisme spécial (cf. Mt. 19,
11-12). Jésus lui-même nen a pas fait une condition préalable au choix des Douze,
ni non plus les Apôtres à légard des hommes qui étaient préposés aux
premières communautés chrétiennes (cf. 1 Tim 3, 2-5 ; Tit 1, 5-6). Les Pères de lEglise 6. Le rapport étroit que les Pères de lEglise et les écrivains ecclésiastiques ont établi, au cours des siècles, entre la vocation au ministère sacré et la virginité consacrée, aurait son origine dans des mentalités et des situations historiques très différentes des nôtres. Souvent les textes patristiques recommandent au clergé, plutôt que de garder le célibat, de sabstenir de lusage du mariage, et les raisons dont ils font état en faveur de la chasteté parfaite des ministres sacrés semblent parfois inspirées par un pessimisme exagéré quant à la condition charnelle de lhomme, ou par une conception particulière de la pureté requise par le contact avec les choses saintes. Par ailleurs les considérations reçues de lantiquité ne cadreraient plus avec tous les milieux socioculturels dans lesquels lEglise daujourdhui est appelée à uvrer dans la personne de ses prêtres. 7. Beaucoup dobjectants relèvent une difficulté
dans le fait que la discipline en vigueur fait coïncider le charisme de la vocation
sacerdotale avec le charisme de la chasteté parfaite comme état de vie du ministre de
Dieu ; dès lors ils se demandent sil est juste décarter du sacerdoce
ceux qui auraient la vocation sacerdotale sans avoir en même temps celle du célibat. Le célibat et la pénurie du clergé 8. Le maintien du célibat ecclésiastique dans lEglise causerait en outre de très graves dommages là où la pénurie du clergé - que le Concile lui-même a reconnue et déplorée avec tristesse (2) - crée des situations dramatiques et des obstacles à la pleine réalisation du dessein divin du salut, allant jusquà compromettre la possibilité même de la première annonce de lEvangile. Daucuns en effet imputent linquiétante diminution numérique du clergé au poids que représente lobligation du célibat. 9. On rencontre aussi la conviction que non seulement le
régime du sacerdoce conféré à des hommes mariés supprimerait loccasion
dinfidélités, de désordres et de défections pénibles, qui sont pour
lEglise entière autant de blessures et de peines, mais quil permettrait aux
ministres du Christ un témoignage plus complet de vie chrétienne également dans le
domaine de lexistence familiale, domaine doù leur état actuel les exclut. Violence faite à la nature ? 10. Par ailleurs, il en est qui affirment avec insistance que le célibat place le prêtre dans une condition physique et psychologique antinaturelle, dommageable à léquilibre et à la maturité de la personne humaine; il en résulte, disent-ils, que souvent le cur du prêtre se dessèche, manque de chaleur humaine et de pleine communion avec ses frères dans leur vie et leur destin, et est contraint à un isolement doù naissent lamertume et le découragement. Ne serait-ce pas lindice dune violence injuste
et dun mépris injustifiable de valeurs humaines fondées sur luvre
divine de la création et intégrées dans luvre de rédemption accomplie Par
le Christ ? Formation inadaptée 11. En outre, considérant la manière dont le candidat au sacerdoce en vient à assumer une obligation dune telle gravité, on objecte quen pratique cet engagement résulte moins dune décision vraiment personnelle que dune attitude passive, imputable à une formation inadéquate et insuffisamment respectueuse de la liberté humaine; chez le jeune homme, en effet, le degré de connaissance et dauto-décision et la maturité psychophysique sont notablement inférieurs; en tout cas, ils ne répondent pas à limportance, à la durée et aux difficultés réelles de lobligation à contracter. 12. Dautres objections, Nous le savons, peuvent être élevées contre le célibat du prêtre. Cest un sujet très complexe, qui touche au plus vif la conception courante quon se fait de lexistence et qui projette sur elle la lumière dordre supérieur que répand la vérité révélée. Une longue série de difficultés se présentera à ceux qui " ne comprennent pas cette réalité " (Mt. 19, 11), qui ignorent ou qui oublient le " don de Dieu " (cf. Jn 4, 10) et à qui échappent la logique supérieure de cette conception nouvelle de la vie, son étonnante efficacité et sa plénitude débordante. 13. Cet ensemble dobjections peut donner limpression de couvrir la voix séculaire et solennelle des Pasteurs de lEglise, des maîtres spirituels, du témoignage vécu dune légion innombrable de saints et de fidèles ministres de Dieu, qui ont fait du célibat la réalité intime et le signe visible de leur donation totale et joyeuse au mystère du Christ. Non, cette voix garde sa force et sa sérénité; elle ne nous vient pas du seul passé, mais elle parle encore maintenant. Toujours attentif à scruter la réalité, Nous ne pouvons fermer les yeux à cette réalité étonnante et magnifique : de nos jours encore il y a dans la sainte Eglise de Dieu, en toutes les parties du monde où elle a planté ses tentes, des ministres sacrés sans nombre - sous-diacres, diacres, prêtres, évêques - qui vivent en toute pureté le célibat volontaire et consacré; et à côté deux, Nous ne pouvons pas ne pas remarquer les foules des religieux, des religieuses, et aussi de jeunes gens, de laïques, fidèles à leur engagement de chasteté parfaite. Celle-ci est vécue non par dépréciation du don divin de la vie mais par un amour plus élevé pour la vie nouvelle qui jaillit du mystère pascal. Elle est vécue dans une austérité courageuse, avec un dynamisme spirituel épanouissant, avec une intégrité exemplaire et aussi avec une certaine facilité. Ce phénomène impressionnant démontre la présence de la réalité insigne du règne de Dieu vivant au sein de la société moderne ; il y joue le rôle humble et bienfaisant de " lumière du monde " et de " sel de la terre " (cf. Mt. 5, 13-14). Il Nous est impossible de taire Notre admiration : indiscutablement là souffle lEsprit du Christ. 14. Nous estimons donc que la loi du célibat actuellement en vigueur doit, encore de nos jours et fermement, être liée au ministère ecclésiastique ; elle doit soutenir le ministre de lEglise dans son choix exclusif, définitif et total de lamour unique et souverain du Christ, du dévouement au culte de Dieu et au service de lEglise, et elle doit qualifier son état de vie aussi bien dans la communauté des fidèles que dans la société profane. 15. Assurément, le charisme de la vocation sacerdotale, ordonné au culte divin et au service religieux et pastoral du peuple de Dieu, reste distinct du charisme qui fait choisir le célibat comme état de vie consacré (cf. nn. 5, 7) ; mais la vocation sacerdotale, encore quelle soit divine en son inspiration, ne devient pas définitive et efficace sans lapprobation et lacceptation de ceux qui dans lEglise ont le pouvoir et la responsabilité du ministère pour la communauté ecclésiale. Il appartient ainsi à lautorité de lEglise détablir, selon les temps et les lieux, les qualités à requérir concrètement des candidats pour quils soient jugés aptes au service religieux et pastoral de cette même Eglise. 16. En esprit de foi, Nous considérons loccasion maintenant offerte par la Providence comme opportune pour remettre en lumière, en termes plus adaptés à la mentalité contemporaine, les raisons profondes du célibat sacré ; en effet, si les difficultés affectant la foi " peuvent inciter lesprit à chercher une intelligence plus exacte et plus profonde de celle-ci ",(3) il nen va pas autrement de la discipline ecclésiastique, qui règle la vie des croyants. Nous trouvons une joie et un encouragement à contempler en cette occurrence et de ce point de vue la richesse divine et la beauté de lEglise du Christ; celles-ci ne sont pas toujours immédiatement perceptibles au regard humain, parce quelles sont luvre de lamour du divin Chef de lEglise et quelles se manifestent dans cette perfection de sainteté (cf. Eph. 5, 25-27) dont sétonne lentendement de lhomme et dont les forces de la créature humaine ne suffisent pas à rendre compte.
I. Les raisons du célibat sacré
17. Certes, comme la déclaré le second concile du Vatican, la virginité " nest pas exigée par la nature même du sacerdoce, ainsi que le montrent la pratique de lEglise primitive et la tradition des Eglises dOrient ",(4) mais le même Saint Concile na pas hésité à confirmer solennellement la loi ancienne, sainte et providentielle du célibat sacerdotal, telle quelle existe actuellement, non sans exposer les motifs qui la justifient aux yeux de quiconque sait apprécier les dons divins en esprit de foi et avec la flamme intérieure de la générosité. 18. Ce nest pas daujourdhui quon
réfléchit sur la " convenance multiforme " (l. c.) du célibat pour
les ministres de Dieu ; même si les raisons explicites ont varié selon les
différentes mentalités et situations, elles sinspirèrent toujours de
considérations spécifiquement chrétiennes avec, en dernière analyse, lintuition
des valeurs et motifs les plus profonds. Ceux-ci peuvent être mieux mis en lumière, non
sans linfluence de lEsprit-Saint, promis par le Christ aux siens pour la
connaissance des choses à venir (cf. Jean 16, 13) et pour faire avancer dans le
Peuple de Dieu lintelligence du mystère du Christ et de lEglise; à ce
progrès concourt aussi lexpérience due à un sens plus pénétrant des réalités
spirituelles au cours des siècles.(5) Sens christologique du célibat 19. Le sacerdoce chrétien qui est nouveau ne se comprend quà la lumière de la nouveauté du Christ, Pontife suprême et Prêtre éternel, qui a institué le sacerdoce ministériel comme une participation réelle à son sacerdoce unique.(6) Le ministre du Christ et lintendant des mystères de Dieu (1 Cor. 4, 1) trouve donc en Lui son modèle immédiat et son idéal souverain (cf. 1 Cor. 11, 1). Le Seigneur Jésus, Fils unique de Dieu, envoyé dans le monde par son Père, sest fait homme pour que lhumanité, sujette au péché et à la mort, soit régénérée et, par une nouvelle naissance (Jean 3, 5 ; Tit. 3, 5), entre dans le royaume des cieux. Sétant consacré tout entier à la volonté de son Père (Jean 4, 34 ; 17, 4), Jésus accomplit par son mystère pascal cette création nouvelle (2 Cor. 5; Gal. 6, 15), introduisant dans le temps et dans le monde une forme nouvelle, sublime, divine, de vie, qui transforme la condition terrestre elle-même de lhumanité (cf. Gal. 3, 28). 20. De par la volonté de Dieu, le mariage continue luvre de la première création (Gen. 2, 18); assumé dans le plan total du salut, il acquiert, lui aussi un sens nouveau, une valeur nouvelle. De fait Jésus a restauré sa dignité originelle (Mt. 19, 38), lui a rendu hommage (cf. Jean 2, 1-11) et la élevé à la dignité de sacrement et de signe mystérieux de sa propre union avec lEglise (Eph. 5, 32). Ainsi les époux chrétiens dans lexercice de leur amour mutuel et laccomplissement de leurs devoirs spécifiques, dans la tendance à cette sainteté qui leur est propre, font route ensemble vers la patrie céleste. Mais le Christ, Médiateur dune Alliance plus haute (Hébr. 8, 6), a ouvert un autre chemin où la créature humaine, sattachant totalement et directement au Seigneur, exclusivement préoccupée de Lui et de ce qui Le concerne (1 Cor. 7, 33-35), manifeste de façon plus claire et plus complète la réalité profondément novatrice de la Nouvelle Alliance. 21. Le Christ, Fils unique du Père, du fait même de son incarnation, est constitué Médiateur entre le ciel et la terre, entre le Père et le genre humain. En pleine harmonie avec cette mission, le Christ est resté durant toute sa vie dans létat de virginité, qui signifie son dévouement total au service de Dieu et des hommes. Ce lien profond qui, dans le Christ, unit la virginité et le sacerdoce, se reflète en ceux à qui il échoit de participer à la dignité et à la mission du Médiateur et Prêtre éternel, et cette participation sera dautant plus parfaite que le ministre sacré sera affranchi de tout lien de la chair et du sang.(7) 22. Jésus, qui choisit les premiers ministres du salut, qui les voulut initiés à lintelligence des mystères du royaume des cieux (Mt. 13, 11 ; Marc 4, 11 ; Luc 8, 10), coopérateurs de Dieu à un titre très spécial et ses ambassadeurs (2 Cor. 5, 20), et qui les appela amis et frères (Jean 15, 15 ; 20, 17), pour lesquels il sest sacrifié lui-même afin quils fussent consacrés en vérité (Jean 17, 19), a promis une récompense surabondante à quiconque aura abandonné maison, famille, épouse et enfants pour le royaume de Dieu (Luc 18, 29-30). Davantage, il a recommandé aussi,(8) en paroles lourdes de mystères et de promesses, une consécration plus parfaite encore au règne des cieux par la virginité fruit dun don particulier (Mt. 19, 11-12). La réponse à ce charisme divin a comme motif le règne des cieux (ibid., v. 12) ; et pareillement cest ce règne (Luc 18, 39), lEvangile (Marc 10, 29) et le nom du Christ (Mt. 19, 29) qui motivent les appels de Jésus aux renoncements ardus que lapôtre consentira pour une participation plus intime au destin du Christ (cf. Marc l. c.). 23. Cest donc le mystère de la nouveauté du Christ, de tout ce quIl est lui-même et de ce quIl signifie, cest la somme des idéaux les plus élevés de lEvangile et du royaume, cest une manifestation particulière de la grâce jaillissant du mystère pascal du Rédempteur, qui font la dignité et le caractère désirable du choix de la virginité pour ceux quappelle le Seigneur Jésus, et qui entendent ainsi participer non seulement à sa fonction sacerdotale mais partager également avec Lui létat de vie qui fut le sien. 24. La réponse à la vocation divine est une réponse damour à lamour que le Christ nous a manifesté de manière sublime (Jean 15, 13 ; 3, 16) ; elle se revêt de mystère dans lamour de prédilection pour les âmes auxquelles Il a fait entendre ses appels plus exigeants (cf. Marc 10, 21). La grâce multiplie avec une force divine les exigences de lamour qui, quand il est authentique, est total, exclusif, stable et perpétuel, et porte irrésistiblement à tous les héroïsmes. Aussi le choix du célibat sacré a-t-il toujours été considéré par lEglise " comme un signe et un stimulant de la charité ": (9) signe dun amour sans réserve, stimulant dune charité ouverte à tous. Qui pourrait jamais voir dans une vie si totalement donnée - et donnée pour les motifs que nous avons exposés - les signes dune certaine pauvreté spirituelle ou de légoïsme, alors quelle est et doit être un exemple rare et éminemment significatif dune existence qui trouve son moteur et son énergie dans lamour, par quoi lhomme exprime la grandeur qui est son apanage ? Qui pourra jamais douter de la plénitude morale et spirituelle dune vie vouée de la sorte non pas à un idéal quelconque, serait-il très noble, mais au Christ et à son uvre, pour une humanité nouvelle, partout et dans tous les temps ? 25. Cette perspective biblique et théologique associe donc notre sacerdoce ministériel à celui du Christ et elle trouve dans la donation totale du Christ à sa mission salvifique lexemple et la raison de notre assimilation à la forme de charité et de sacrifice propre au Christ Rédempteur. Elle Nous paraît si profonde et si riche de vérités spéculatives et pratiques, que Nous vous invitons vous-mêmes, Frères vénérés, ainsi que ceux qui étudient la doctrine catholique et les maîtres spirituels, et tous les prêtres capables davoir lintelligence intuitive et surnaturelle de leur vocation, à continuer de chercher dans cette direction et de pénétrer les réalités intimes et fécondes à y trouver. De la sorte, le lien entre sacerdoce et célibat apparaîtra toujours mieux dans sa logique lumineuse et héroïque damour unique et sans limites au Christ Seigneur et à son Eglise. 26. " Saisi par le Christ Jésus " (Phil. 3, 12) jusquà sabandonner totalement à Lui, le prêtre se configure plus parfaitement au Christ également dans lamour avec lequel le Prêtre éternel a aimé lEglise son Corps, soffrant tout entier pour elle, afin de sen faire une Epouse glorieuse, sainte et immaculée (cf. Eph. 5, 25-27). La virginité consacrée des ministres sacrés manifeste en effet lamour virginal du Christ pour lEglise et la fécondité virginale et surnaturelle de cette union, en vertu de quoi les fils de Dieu ne sont pas engendrés de la chair et du sang (Jean 1, 13).(10) 27. En se vouant au service du Seigneur Jésus et de son Corps mystique, dans une complète liberté que facilite loffrande totale de soi, le prêtre réalise plus pleinement lunité et lharmonie de sa vie sacerdotale.(11) Il développe son aptitude à entendre la Parole de Dieu et à prier. La Parole de Dieu, que garde lEglise, éveille dans le prêtre qui la médite chaque jour, qui la vit et lannonce aux fidèles, les résonances les plus vibrantes et les plus profondes. 28. Ainsi, totalement et exclusivement appliqué aux affaires de Dieu et de lEglise comme le Christ (cf. Luc 2, 49 ; 1 Cor. 7, 32-33), le ministre du Christ, à limitation du souverain Prêtre, toujours vivant devant Dieu pour intercéder en notre faveur (Hébr. 9, 24 ; 7, 25), puise dans la récitation attentive et pieuse de lOffice divin, où il prête sa voix à lEglise priant en union avec son Epoux,(12) une joie et un élan toujours renouvelés et il ressent le besoin de sadonner plus longuement et assidûment à la prière, devoir éminemment sacerdotal (Act 6, 4). 29. Le célibat confère à tout le reste de la vie du prêtre une plénitude accrue de sens et defficacité sanctifiante. Lobligation particulière de sa sanctification personnelle trouve en effet de nouveaux stimulants dans le ministère de la grâce et celui de lEucharistie, en laquelle est contenu tout le bien de lEglise; (13) agissant en représentant du Christ, le prêtre sunit plus intimement à loffrande, en déposant sur lautel toute sa vie marquée des signes de lholocauste. 30. Quelles considérations ne pourrions-nous pas formuler encore sur ce que le célibat ajoute aux virtualités du prêtre, à son service, à son amour, à son sacrifice au bénéfice de tout le Peuple de Dieu ? Le Christ a dit de lui-même : " si le grain de blé jeté en terre ne meurt pas, il ne donne rien ; mais sil meurt, il donne du blé en abondance " (Jean 12, 24), et lApôtre Paul nhésitait pas à sexposer à une mort quotidienne, pour obtenir que ses fidèles soient sa fierté dans le Christ Jésus (1 Cor. 15, 31). Ainsi en va-t-il du prêtre : en mourant quotidiennement à lui-même, en renonçant, par amour du Seigneur et de son règne, à lamour légitime dune famille qui ne soit quà lui, il trouvera la gloire dune vie pleine et féconde dans le Christ, puisque, comme Lui et en Lui, il aime tous les enfants de Dieu et se donne à eux. 31. Dans la communauté des fidèles confiés à ses soins, le prêtre est le Christ présent. Il convient donc au plus haut point quil en reproduise limage en tout et quil en suive lexemple dune manière spéciale, dans sa vie personnelle comme dans son ministère. Pour ses fils dans le Christ, le prêtre est un signe et un gage des réalités sublimes et nouvelles de ce Royaume de Dieu dont il est le dispensateur : il possède en effet pour sa part ces réalités au degré le plus parfait et il nourrit la foi et lespérance de tous les chrétiens, qui, en tant que tels, sont tenus dobserver la chasteté selon leur état. 32. La consécration qui est faite au Christ en vertu dun titre nouveau et éminent, comme le célibat, assure en outre au prêtre - cest bien évident, - également dans le domaine pratique, le maximum defficacité et lattitude psychologique et affective la mieux adaptée à lexercice continuel de la charité parfaite: celle-ci lui permettra de se dépenser tout entier au service de tous dune manière plus universelle et plus concrète (2 Cor. 12, 15) ; (14) elle lui garantit certainement une liberté et une disponibilité plus grandes dans le ministère pastoral,(15) dans la manière dêtre activement et fraternellement présent au monde, auquel le Christ la envoyé (Jean 17, 18), pour quil se donne entièrement à tous les fils de Dieu comme il est tenu de le faire (Rom. 1, 14). 33. Le royaume de Dieu, qui nest pas de ce monde (Jean 18, 36), est déjà présent ici-bas comme mystère, et il atteindra sa perfection lors de la venue glorieuse du Seigneur Jésus.(16) De ce royaume, lEglise constitue ici-bas le germe et les prémices. Tandis quelle grandit lentement mais sûrement, elle aspire à létat parfait du royaume et désire de toutes ses forces sunir à son Roi dans la gloire.(17) Le peuple de Dieu en marche sachemine, au cours de lhistoire, vers sa véritable patrie (Phil. 3, 20), où la filiation divine des rachetés se manifestera en plénitude (1 Jean 3, 2), et où resplendira désormais sans ombre la beauté transfigurée de lEpouse de lAgneau divin.(18) 34. Notre Seigneur et Maître a déclaré " quà la résurrection... on ne prendra ni femme ni mari, mais que tous seront comme les anges de Dieu dans le Ciel " (Mt. 22, 30). Au milieu du monde tellement engagé dans les tâches terrestres et si souvent dominé par les convoitises de la chair (cf. 1 Jean 3, 2), le don précieux et divin de la chasteté parfaite en vue du royaume des cieux constitue précisément " un signe particulier des biens célestes " ; (19) il proclame la présence parmi nous des temps derniers de lhistoire du salut (cf. 1 Cor. 7, 29-31) et lavènement dun monde nouveau. Il anticipe en quelque sorte la consommation du royaume en en affirmant les valeurs suprêmes, qui resplendiront un jour en tous les fils de Dieu. Il constitue donc un témoignage de laspiration du Peuple de Dieu vers le but dernier de son pèlerinage terrestre, et une invitation pour tous à lever les yeux vers le ciel, là où le Christ siège à la droite de Dieu, là où notre vie est cachée en Dieu avec le Christ, jusquà ce quelle se manifeste dans la gloire (Col. 3, 1-4).
35. Létude des documents historiques relatifs au célibat ecclésiastique serait fort instructive mais trop longue. Quil suffise de donner ici les brèves indications qui suivent. Dans lantiquité chrétienne, les Pères de lEglise et écrivains ecclésiastiques témoignent de la diffusion quavait pris chez les ministres sacrés, tant en Orient quen Occident, la pratique librement assumée du célibat,(20) à cause de son éminente convenance au don total quils font deux-mêmes au service du Christ et de son Eglise. 36. A partir du début du IVe siècle, lEglise dOccident, par suite des interventions de plusieurs conciles provinciaux et des Souverains Pontifes, renforça, développa et sanctionna cette pratique du célibat.(21) Ce furent surtout les Pasteurs et Maîtres suprêmes de lEglise de Dieu, gardiens et interprètes du patrimoine de la foi et de la pureté des murs chrétiennes, quon vit promouvoir, protéger et restaurer le célibat ecclésiastique aux différentes époques de lhistoire, même quand des oppositions se manifestaient dans les rangs du clergé lui-même et que le relâchement des murs dans une société en décadence ne favorisait guère les actes héroïques de vertu. Lobligation du célibat fut ensuite solennellement sanctionnée par le concile de Trente (22) et finalement insérée dans le Code de droit canonique (Can. 132, § 1). 37. Les Souverains Pontifes de lépoque plus récente ont déployé lardeur de leur zèle et leur effort doctrinal pour éclairer et stimuler le clergé dans la pratique de cette observance.(23) A ce propos, Nous ne voulons pas manquer de rendre un hommage spécial à la pieuse mémoire de Notre Prédécesseur, dont le souvenir reste vivant au cur des hommes. Au cours du Synode Romain, il prononça, au milieu des approbations sans réticence de Notre clergé de Rome, les paroles suivantes: " Nous sommes navré ... que certains puissent simaginer que lEglise catholique en viendra délibérément ou par convenance à renoncer à ce qui, durant de longs siècles, fut et demeure lune des gloires les plus nobles et les plus pures de son sacerdoce. La loi du célibat ecclésiastique et le souci de la faire prévaloir évoquent toujours les combats des temps héroïques, alors que lEglise du Christ dut engager la lutte et réussit à faire triompher sa glorieuse trilogie, emblème constant de victoire : Eglise du Christ libre, chaste et catholique" .(24) 38. Si la législation de lEglise Orientale en matière de discipline du célibat ecclésiastique est différente, selon ce qui fut finalement établi par le Concile " in Trullo " de 692 (25) et ouvertement reconnu par le second Concile du Vatican,(26) cela est dû aussi à des circonstances historiques différentes et propres à cette partie très noble de lEglise : à cette situation spéciale, le Saint Esprit a providentiellement et surnaturellement adapté son assistance. Quil Nous soit permis de saisir loccasion présente pour exprimer Notre estime et Notre respect à lensemble du clergé des Eglises Orientales et pour reconnaître les exemples de fidélité et de zèle quil donne et qui le rendent digne dune sincère vénération. 39. Mais il est une autre raison qui Nous incite à maintenir intacte la discipline touchant le célibat ecclésiastique, cest léloge que les Pères Orientaux font de la virginité. Nous entendons par exemple saint Grégoire de Nysse nous rappeler que la vie " dans la virginité est limage de la béatitude qui nous attend dans le monde à venir " ; (27) nous trouvons tout autant dassurance dans la manière dont saint Jean Chrysostome célèbre le sacerdoce : elle offre de nos jours encore un thème à notre méditation. Voulant mettre en lumière lharmonie qui doit nécessairement accorder la vie privée du ministre de lautel à la dignité que lui confèrent ses fonctions sacrées, ce Père de lEglise affirme : " ... il convient que celui qui sapproche du sacerdoce soit pur comme sil était aux cieux ".(28) 40. Il ne sera pas inutile non plus dobserver quen Orient lépiscopat est également réservé aux prêtres célibataires et que les prêtres, une fois ordonnés, ne peuvent plus se marier. Doù il apparaît en quel sens ces Eglises si respectables possèdent jusquà un certain point le principe du sacerdoce célibataire et celui dune certaine convenance entre le célibat et le sacerdoce chrétien, dont les Evêques possèdent le couronnement et la plénitude.(29) 41. En tout cas, lEglise dOccident ne peut pas faiblir dans la fidélité à la tradition ancienne qui est la sienne ; il nest pas pensable quelle ait pendant des siècles suivi un chemin qui, au lieu de favoriser la richesse spirituelle de chacun et de tout le Peuple de Dieu, ait en quelque façon compromis celle-ci, ou que, par des interventions juridiques arbitraires, elle ait endigué le libre développement des réalités les plus profondes de la nature et de la grâce. 42. En vertu de la norme fondamentale du gouvernement de lEglise catholique à laquelle Nous avons fait allusion plus haut (n. 15), tout en confirmant la loi qui réclame de ceux qui accèdent aux Ordres sacrés le choix libre du célibat perpétuel, on pourra par ailleurs examiner les conditions spéciales des ministres sacrés mariés, qui appartiennent à des Eglises ou communautés chrétiennes encore séparées de la communion catholique, et qui, désirant adhérer à la plénitude de cette communion et y exercer leur ministère, sont admis aux fonctions sacerdotales. On examinera leur situation de manière à ne pas porter pour autant préjudice à la discipline actuelle en matière de célibat. Lautorité de lEglise ne se refuse pas à lexercice de son pouvoir en ce domaine. On peut en voir une preuve dans la possibilité, prévue par le récent Concile, de conférer le diaconat même à des hommes mariés dâge mûr.(30) 43. Mais il ne faut pas voir en tout cela un relâchement de la loi en vigueur ni linterpréter comme prélude à son abolition. Il y a mieux à faire que dencourager la considération de cette perspective ; elle affaiblit dans les âmes la force et lamour qui donnent au célibat assurance et bonheur ; elle obscurcit la véritable doctrine qui justifie lexistence du célibat et en exalte le rayonnement. Il faut bien plutôt promouvoir les études par lesquelles la virginité et le célibat voient confirmer leur vrai sens spirituel et leur valeur morale.(31) 44. La virginité pour Dieu est un don spécial. Toutefois lEglise actuelle tout entière, officiellement représentée dans son universalité par ses pasteurs responsables - tout en respectant, Nous lavons dit, la discipline des Eglises Orientales - a manifesté sa pleine conviction dans lEsprit-Saint que " le don du célibat, qui présente une telle convenance pour le sacerdoce du Nouveau Testament, est libéralement accordé par le Père, à condition que ceux qui participent au sacerdoce du Christ par le sacrement de lOrdre, et avec eux lEglise entière, le demandent instamment et en toute humilité ".(32) 45. Nous invitons donc tout le Peuple de Dieu à se rassembler en quelque sorte pour répondre à son obligation de faire croître le nombre de vocations sacerdotales (33) en suppliant avec instance le Père de tous, lEpoux divin de lEglise, et lEsprit Saint, qui en est lâme, par lintercession de la Vierge Marie, Mère du Christ et Mère de lEglise : que Dieu répande, surtout en notre temps, ce don divin dont Il nest certes pas avare ; et que les âmes sy disposent, en esprit de foi profonde et damour généreux. Que de la sorte, dans notre monde, qui a besoin dêtre éclairé par la gloire de Dieu (cf. Rom. 3, 23), les prêtres, toujours plus conformes au Prêtre unique et suprême, soient une gloire rayonnante du Christ (2 Cor. 8, 23) et que par eux, resplendisse sur le monde daujourdhui la " gloire de la grâce " de Dieu (cf. Eph. 1, 6). 46. Oui, cest précisément le monde dans lequel nous vivons aujourdhui, chers et vénérés Frères dans le sacerdoce, objet de Notre amour " dans le cur de Jésus-Christ " (Phil. 1, 8), cest ce monde en crise de croissance et de transformation, si fier à juste titre des valeurs humaines et des conquêtes de lhomme, cest lui qui a un urgent besoin du témoignage que constituent des vies consacrées aux valeurs spirituelles les plus hautes et les plus sacrées. Ce témoignage est nécessaire pour que notre époque ne soit pas privée dune lumière dessence très rare et sans égale: celle des plus hautes conquêtes spirituelles. 47. Notre Seigneur Jésus-Christ na pas hésité à confier à une poignée dhommes que tout le monde aurait jugés insuffisants en nombre et en qualité, la charge écrasante dévangéliser le monde connu dalors. A ce " petit troupeau ", il enjoignit de ne pas perdre courage (Luc 12, 32), parce quil remporterait avec Lui et par Lui, grâce à son assistance toujours présente (Mt. 28, 20), la victoire sur le monde (Jean 16, 33). Jésus nous a également avertis que le Royaume des Cieux possède en lui-même une force propre et secrète qui lui permet de croître et darriver à la moisson sans que lhomme le sache (Marc 4, 26-29). La moisson du Royaume de Dieu est immense, et les ouvriers sont peu nombreux aujourdhui comme aux premiers jours; ils ne furent même jamais en nombre tel que le jugement humain laurait cru suffisant. Mais le Seigneur du Royaume demande quon prie afin que ce soit le Maître qui envoie lui-même les ouvriers dans son champ (Mt. 9, 37-38). Les projets et la prudence humaines ne peuvent usurper le rôle de la mystérieuse sagesse de Celui qui au cours de lhistoire a défié par sa folie et sa faiblesse la sagesse et la puissance de lhomme (1 Cor. 1, 20-31). 48. Nous en appelons au courage de la foi pour dire cette conviction profonde de lEglise: une réponse plus engagée et plus généreuse à la grâce, une confiance plus explicite et plus entière en sa puissance mystérieuse et irrésistible, un témoignage plus franc et plus plénier rendu au mystère du Christ, ne mèneront jamais lEglise à une faillite dans sa mission de salut du monde entier, quoi quil en soit des conjectures humaines et des apparences extérieures. Chacun doit savoir quil peut tout en Celui qui seul donne la force aux âmes (Phil. 4, 13) et la croissance à son Eglise (1 Cor. 3, 6-7). 49. On ne peut croire toute simplement que labolition
du célibat ecclésiastique accroîtrait par le fait même et de façon notable le nombre
de vocations: lexpérience actuelle des Eglises et communautés ecclésiales où les
ministres sacrés peuvent se marier semble prouver le contraire. Cest surtout
dautres côtés quil faut chercher la cause de la diminution des vocations
sacerdotales: par exemple, dans la perte ou laffaiblissement du sens de Dieu et du
sacré au niveau individuel et parmi les familles, dans le fait quon estime moins ou
quon méconnaît lEglise comme linstitution qui apporte le salut par la
foi et les sacrements. Il faut donc, dans létude du problème, aller aux éléments
vraiment fondamentaux. III. Le célibat et les valeurs humaines 50. LEglise le sait bien et Nous lavons dit plus haut (cf. n. 10) : le choix du célibat ecclésiastique, qui entraîne une suite de renoncements austères affectant lhomme au plus profond de lui-même, comporte aussi des difficultés et des problèmes sérieux, auxquels on est aujourdhui particulièrement sensible. On pourrait croire que le célibat ne saccorde pas avec la reconnaissance des valeurs humaines, telle que lEglise la solennellement proclamée lors du récent Concile. Mais une considération plus attentive révèle quen sacrifiant pour lamour du Christ lamour humain tel quil se vit dans la famille, le prêtre rend à cet amour humain un hommage insigne. Cest en effet une chose admise par tout le monde que lhomme a toujours choisi pour les offrir à Dieu son Créateur des dons dignes de qui les présente et de qui les reçoit. 51. Dautre part lEglise ne peut ni ne doit ignorer que cest la grâce qui préside au choix du célibat - pourvu quon le fasse en toute prudence humaine et chrétienne, de manière responsable. Or la grâce ne détruit pas la nature et ne lui fait pas violence, mais elle lélève et lui donne des capacités et des énergies surnaturelles. Dieu, qui a créé lhomme et la racheté, sait ce quil peut lui demander et lui donne tout ce quil faut pour accomplir ce que lui demande son Créateur et Rédempteur. Saint Augustin, avec sa large et douloureuse expérience de ce quest la nature de lhomme sécriait : " Seigneur, donne-nous ce que Toi-même Tu commandes et commande ce que Tu veux ".(34) 52. Une connaissance loyale des difficultés réelles du célibat est extrêmement utile, voire indispensable, au prêtre, pour quil ait pleine conscience des conditions que le célibat suppose pour être authentique et bénéfique. Mais avec autant de loyauté on se gardera dattribuer à ces difFicultés une importance et un poids supérieurs à ceux quelles ont en fait dans leur contexte humain 53. Daprès les acquisitions désormais assurées de la science, on na pas le droit de redire encore (cf. n. 10) que le célibat est contre-nature du fait quil soppose à des exigences physiques, psychologiques et affectives légitimes, auxquelles il faudrait nécessairement donner satisfaction pour permettre la complète maturité de la personne humaine. Lhomme, créé à limage et à la ressemblance de Dieu (Gen. 1, 26-27), nest pas composé seulement de chair et linstinct sexuel nest pas tout en lui. Lhomme est aussi et avant tout intelligence, volonté, liberté: ces facultés le rendent supérieur à lunivers et obligent à le regarder comme tel; elles lui donnent de pouvoir maîtriser ses tendances physiques, psychologiques et affectives. 54. Le motif véritable et profond du célibat consacré est - Nous lavons déjà dit - le choix dune relation personnelle plus intime et plus complète au mystère du Christ et de lEglise, pour le bien de lhumanité tout entière: dans ce choix les valeurs humaines les plus hautes, dont Nous venons de parler, peuvent assurément trouver leur plus haute expression. 55. Le choix du célibat ne comporte pas lignorance et le mépris de linstinct sexuel et de laffectivité; ce qui nuirait à léquilibre physique et psychologique. Le célibat exige au contraire une compréhension claire, une maîtrise de soi attentive et une sage sublimation des forces psychologiques à un plan supérieur. De cette façon il élève lhomme tout entier et contribue effectivement à sa perfection. 56. Sans doute, le désir, naturel et légitime chez lhomme, daimer une femme et de fonder un foyer est-il dépassé par le célibat, mais il nest pas dit que le mariage et la famille soient lunique chemin menant à la maturation intégrale de la personne humaine. Au cur du prêtre lamour nest pas éteint. Puisée à la source la plus pure (cf. 1 Jean 4, 8-16), exercée à limitation de Dieu et du Christ, la charité nest pas moins exigeante et concrète que tout amour authentique (cf. 1 Jean 3, 16-18). Elle élargit à linfini les horizons du prêtre, elle approfondit et dilate son sens des responsabilités - indice de maturité de la personne - et elle forme en lui, comme expression dune paternité plus haute et plus large, une plénitude et une délicatesse de sentiments (35) qui sont pour lui une richesse surabondante. 57. Tous les membres du Peuple de Dieu doivent rendre témoignage au mystère du Christ et de son Règne, mais ce témoignage ne prend pas en tous une seule et même forme. Laissant à ses fils laïcs et mariés la charge du témoignage nécessaire dune vie conjugale et familiale authentiquement et pleinement chrétienne, lEglise confie à ses prêtres le témoignage dune vie totalement donnée aux réalités du Règne de Dieu dans ce quelles ont de plus nouveau et de plus séduisant. Si le prêtre na pas lexpérience personnelle et directe de la vie de mariage, il ne manquera certainement pas dune connaissance peut-être plus profonde encore du cur humain, en raison de sa formation, de son ministère et de la grâce de son état. Cette pénétration lui fera atteindre à leur source les problèmes de cet ordre et le qualifiera sérieusement comme conseiller et soutien des époux et des familles chrétiennes (cf. 1 Cor. 2, 15). La présence, près des foyers chrétiens, du prêtre qui vit pleinement son célibat soulignera la dimension spirituelle de tout amour digne de ce nom, et son sacrifice personnel méritera aux fidèles vivant dans les liens sacrés du mariage la grâce dune union véritable. 58. Il est indéniable que le prêtre, par son célibat, est un homme seul, mais sa solitude nest pas un vide, car elle est remplie de Dieu et de la richesse surabondante de son Règne. En outre, il sest préparé à cette solitude, qui doit être une plénitude intérieure et extérieure de charité; il la choisie en connaissance de cause, non par désir orgueilleux de se singulariser, non pour se soustraire aux responsabilités communes, non pour devenir étranger à ses frères ni par mépris du monde. Séparé du monde, le prêtre nest pas séparé du peuple de Dieu, car il est établi pour le bien de tous (Hébr. 5, 1), voué entièrement à la charité (cf. 1 Cor. 14, 4 ss.) et à luvre pour laquelle le Seigneur la choisi. 59. Parfois, la solitude pèsera douloureusement sur le prêtre, mais il ne regrettera pas pour autant de lavoir généreusement choisie. Le Christ, lui aussi, aux moments les plus tragiques de sa vie, se trouva seul, abandonné de ceux quil avait choisis comme témoins et compagnons de son existence, et quil avait aimés jusquà la fin (Jean 13, 1). Mais il a affirmé : " Je ne suis pas seul, car le Père est avec moi" (Jean 16, 32). Celui qui a choisi dappartenir tout entier au Christ trouvera avant tout dans lintimité avec lui et dans sa grâce la force dâme nécessaire pour dissiper la tristesse et vaincre les découragements. La protection de la Vierge, Mère de Jésus, laide maternelle de lEglise, au service de laquelle il sest donné, ne lui feront pas défaut, non plus que la sollicitude de son père dans le Christ, lévêque. Il aura aussi, pour laider, lamitié fraternelle de ses confrères dans le sacerdoce et lencouragement de tout le peuple de Dieu. Et sil arrive que lhostilité, la défiance, lindifférence des hommes rendent parfois très dure sa solitude, il se verra associé de façon évidente au drame que vécut le Christ, en apôtre qui nest pas au-dessus de Celui qui la envoyé (cf. Jean 13, 16 ; 15, 18), en ami admis aux secrets les plus douloureux mais aussi les plus glorieux de lAmi divin qui la choisi, afin quune vie apparemment vouée à la mort porte des fruits mystérieux de vie (cf. Jean 15, 15-16, 20).
DEUXIEME PARTIE
I. La formation sacerdotale 60. La réflexion sur la beauté, limportance et la profonde convenance de la virginité sacrée pour les ministres du Christ et de lEglise impose aussi à celui qui y remplit les fonctions de Maître et de Pasteur le devoir den assurer et den promouvoir lobservance dès linstant où commence la préparation à laccueil dun don aussi précieux. De fait, les difficultés et les problèmes qui rendent à certains lobservance du célibat malaisée ou même impossible, découlent maintes fois dune formation sacerdotale qui, par suite des profondes transformations de ces derniers temps, nest plus tout à fait apte à former une personnalité digne dun Homme de Dieu (1 Tim. 6, 11). 61. Le second concile cuménique du Vatican a déjà donné sur ce point des principes et des normes très sages, qui mettent à profit notamment les progrès de la psychologie et de la pédagogie et qui tiennent compte de lévolution de la condition des hommes et de la société contemporaine.(37) Nous voulons que des instructions soient publiées au plus tôt, dans lesquelles le thème sera traité avec toute lampleur qui simpose et en faisant appel à la collaboration dexperts, de manière à fournir une aide qualifiée et opportune à ceux qui ont dans lEglise la très lourde charge de former les futurs prêtres. 62. Le sacerdoce est un ministère institué par le Christ au service de son Corps mystique qui est lEglise : cest donc à lautorité de celle-ci quil appartient dappeler au sacerdoce ceux quelle juge aptes, cest-à-dire ceux à qui Dieu a accordé, en plus des autres signes de la vocation ecclésiastique, le charisme du célibat sacré (cf. n. 15). En vertu de ce charisme, corroboré par la loi canonique, lhomme est appelé à donner sa réponse par une décision libre et dans un don total de lui-même, en subordonnant son propre moi au bon plaisir de Dieu qui lappelle. Concrètement, la vocation divine se manifeste dans un individu déterminé, avant sa propre structure personnelle, à laquelle la grâce na pas lhabitude de faire violence. Chez le candidat au sacerdoce, on doit donc développer le sens de laccueil du don divin et de la disponibilité à légard de Dieu, en donnant une importance essentielle aux moyens surnaturels. 63. Mais en même temps il est nécessaire de tenir exactement compte de létat biologique et psychologique du candidat pour pouvoir le guider et lorienter vers lidéal du sacerdoce. Une formation vraiment appropriée doit donc coordonner harmonieusement le plan de la grâce et celui de la nature chez un sujet dont on connaisse clairement les conditions réelles et les capacités effectives. Dès quapparaissent les signes dune vocation, on devra étudier avec le plus grand soin les conditions réelles du sujet, sans se contenter dun examen rapide et superficiel, en recourant aussi, le cas échéant, à lassistance et à laide dun médecin ou dun psychologue compétent. Lon ne devra pas omettre de faire une enquête sérieuse sur les antécédents familiaux du candidat, afin de sassurer de son aptitude également sous cet aspect très important des facteurs héréditaires. 64. Les sujets qui ont été reconnus physiquement et psychiquement ou moralement inaptes doivent être aussitôt écartés de la voie du sacerdoce: il sagit là dun très grave devoir qui incombe aux éducateurs. Ceux-ci doivent en avoir conscience; ils ne doivent pas sabandonner à de fallacieux espoirs et à de dangereuses illusions, ni permettre daucune façon au candidat de nourrir des illusions semblables, vu les conséquences dommageables qui en résulteraient pour le sujet lui-même et pour lEglise. Une vie qui, comme celle du prêtre gardant le célibat, comporte un si total et si intime engagement dans toute sa structure intérieure et extérieure, exclut en effet les sujets insuffisamment équilibrés du point de vue psychophysiologique et moral ; et lon ne peut prétendre que, en ce domaine, la grâce supplée la nature. 65. Une fois que laptitude du sujet a été reconnue et que celui-ci a été admis à parcourir litinéraire qui le conduira jusquau sacerdoce, lon devra avoir soin de développer progressivement sa personnalité par léducation physique, intellectuelle et morale, de façon à lui faire acquérir le contrôle et la maîtrise personnelle des instincts, des sentiments et des passions. 66. Une preuve du développement de la personnalité est la fermeté de caractère avec laquelle on accepte une discipline personnelle et communautaire, comme celle qui est exigée par la vie sacerdotale. Cette discipline - dont labsence ou linsuffisance est regrettable car elle expose à de graves dangers - ne doit pas être seulement supportée comme quelque chose dimposé de lextérieur, mais elle doit pour ainsi dire être intériorisée et insérée dans lensemble de la vie spirituelle comme un élément indispensable. 67. Léducateur mettra tout son savoir-faire à cultiver chez les jeunes la vertu très évangélique de la sincérité (cf. Mt. 5, 37) et de la spontanéité; il favorisera donc les bonnes initiatives personnelles pour que le sujet apprenne à se connaître et à se juger, à assumer en connaissance de cause ses propres responsabilités et à acquérir la maîtrise de soi qui est dune souveraine importance dans léducation du futur prêtre. 68. Lexercice de lautorité, dont on doit maintenir fermement le principe dans tous les cas, sinspirera dune sage modération et dune attitude pastorale; il se pratiquera dans un climat de dialogue et dans un entraînement graduel, ce qui permettra à léducateur de comprendre de façon toujours plus pénétrante la psychologie du séminariste et, en faisant appel à la conviction personnelle, donnera à toute luvre éducative un caractère éminemment convaincant et positif. 69. La formation intégrale du candidat au sacerdoce doit viser à lui permettre de prendre avec une âme pacifiée, un cur convaincu et libre, les graves engagements quil se devra dassumer en sa propre conscience, devant Dieu et devant lEglise. Lardeur et la générosité sont dadmirables qualités de la jeunesse; quand elles sont éclairées et bien soutenues, ces vertus lui méritent, avec les bénédictions du Seigneur, ladmiration et la confiance de lEglise et de tous les hommes. Aux jeunes on ne cachera aucune des réelles difficultés dordre personnel ou social que leur choix leur occasionnera, afin de purifier leur enthousiasme de ce quil aurait de superficiel et dillusoire. Mais, en même temps que les difficultés, il sera juste de mettre en relief avec non moins de vérité et de netteté la grandeur et la noblesse du choix quils sapprêtent à faire: car sil provoque dans la personne humaine un certain manque au plan physiologique et psychique, ce choix lui apporte dun autre côté une plénitude intérieure capable de sublimer son être profond. 70. Les jeunes doivent acquérir la conviction que le chemin sur lequel ils sengagent est difficile et quils ne pourront le parcourir sans une ascèse particulière, propre aux aspirants au sacerdoce et plus rigoureuse que celle à laquelle sont tenus tous les autres fidèles. Une ascèse sévère, mais qui ne doit pas écraser le sujet, une ascèse constituée par la pratique réfléchie et assidue des vertus qui font dun homme un prêtre : un très profond renoncement à soi-même - condition essentielle pour suivre le Christ (Mt. 16, 24 ; Jean 12, 25) -, lhumilité et lobéissance comme expression de vérité intérieure et de liberté ordonnée ; la prudence et la justice, la force et la tempérance, vertus indispensables pour le développement dune vraie et profonde vie religieuse; le sens de responsabilité, de fidélité et de loyauté dans la façon dassumer ses propres engagements; le maintien dun équilibre harmonieux entre la contemplation et laction; le détachement et lesprit de pauvreté, qui donnent force et vigueur à la liberté évangélique; la chasteté, résultat dun combat persévérant, sharmonisera avec toutes les autres vertus naturelles et surnaturelles; les contacts sereins et confiants établis avec le monde au service duquel le candidat se consacrera par amour du Christ et pour lavènement de son Règne. De cette manière, laspirant au sacerdoce acquerra, avec laide de la grâce divine, une forte personnalité, bien équilibrée et douée de maturité, heureuse synthèse des éléments innés et acquis, harmonieuse coordination de toutes les facultés sous la lumière de la foi et de lunion intime avec le Christ, qui la choisi afin quil soit à Lui et se consacre au ministère du salut du monde. 71. Cependant pour arriver à une plus grande certitude dans le jugement à porter sur laptitude dun jeune à légard du sacerdoce et pour obtenir avec le cours des années la preuve quil a atteint sa maturité humaine et surnaturelle, compte tenu par ailleurs du fait que " lorsquon se livre à lapostolat, il est plus difficile de bien se comporter à cause des périls extérieurs ",(38) il sera utile que pendant certaines périodes dessai lengagement dans le célibat soit mis à lépreuve, avant que ce dernier ne devienne stable et définitif avec le presbytérat.(39) 72. Une fois obtenue la certitude morale que la maturité du candidat offre des garanties suffisantes, celui-ci sera en mesure dassumer le grave et doux engagement de la chasteté sacerdotale, comme don total de soi-même au Seigneur et à son Eglise. De cette manière, lobligation du célibat, qui, par la volonté de lEglise, est objectivement liée à lOrdination sacrée, devient une obligation personnelle propre au sujet, assumée sous laction de la grâce divine, en pleine connaissance de cause et liberté, mais, évidemment, non sans les conseils prudents et sages de directeurs spirituels compétents, qui ne visent pas à imposer mais à rendre plus consciente la grande et libre option. Dans ce moment solennel, qui décidera pour toujours de lorientation de toute sa vie, le candidat sentira non la pression dune injonction extérieure mais la joie intime qui découle dun choix fait par amour du Christ.
II. La vie sacerdotale 73. Le prêtre ne doit pas croire que lOrdination lui rende tout facile et le mette définitivement à labri de toute tentation ou danger. La chasteté nest jamais acquise une fois pour toutes, mais elle est le résultat dune laborieuse conquête à poursuivre tous les jours. Le monde de notre temps met en grand relief les valeurs positives de lamour dans les rapports entre les sexes, mais il a aussi multiplié les difficultés et les risques en ce domaine. Il est donc nécessaire que le prêtre, pour sauvegarder avec tout le soin voulu sa chasteté et pour en affirmer la signification sublime, considère dun regard lucide et serein sa condition dhomme engagé dans un combat spirituel contre les séductions de la chair en lui-même et dans le monde et quil ne cesse de renouveler sa résolution de parfaire toujours plus et toujours mieux son offrande irrévocable, qui exige de lui une fidélité totale, loyale et réaliste. 74. Une force et une joie nouvelles attendent le prêtre du Christ qui sapplique à approfondir chaque jour dans la méditation et la prière les motifs de sa donation et la conviction davoir choisi la meilleure part. Il implorera avec humilité et persévérance la grâce de la fidélité, qui nest jamais refusée à qui la demande dun cur sincère, sans omettre en même temps de recourir aux moyens naturels et surnaturels dont il dispose. Et en particulier, il ne négligera pas lobservance de ces règles ascétiques dont la valeur est garantie par lexpérience de lEglise et qui ne sont pas moins nécessaires dans le monde daujourdhui que dans le passé.(40) 75. Le prêtre doit sappliquer avant tout à développer avec tout lamour que la grâce lui inspire son intimité avec le Christ, sefforçant den explorer linépuisable et béatifiant mystère; il doit acquérir un sens toujours plus profond du mystère de lEglise, en dehors duquel son état de vie risquerait de lui apparaître déraisonnable et sans fondement. Une piété sacerdotale, alimentée à la table de la Parole de Dieu et de la sainte Eucharistie, vécue à lintérieur du cycle annuel de la Liturgie, animée par une dévotion tendre et éclairée envers la Vierge, Mère du Prêtre souverain et éternel, et Reine des Apôtres,(41) le mettra en contact avec les sources dune authentique vie spirituelle, qui seule donne un fondement solide à lobservance de la virginité. 76. Avec laide de la grâce et dans la paix du cur, le prêtre fera front avec grand courage aux multiples obligations de sa vie et de son ministère et il trouvera en elles, pourvu quelles soient remplies avec esprit de foi et avec zèle, de nouvelles occasions de manifester sa totale appartenance au Christ et à son Corps Mystique pour sa propre sanctification et celle dautrui. La charité du Christ qui le presse (2 Cor. 5, 14) laidera non pas à renoncer aux meilleurs sentiments de son âme, mais à les sublimer et à les approfondir en esprit de consécration - à limitation du Christ, le Souverain Prêtre qui participa intimement à la vie des hommes et les aima et souffrit pour eux (Hébr. 4, 15) et à la ressemblance de lApôtre Paul, qui faisait siens les soucis de tous (1 Cor. 9 22 ; 2 Cor. 11, 29) - pour répandre dans le monde la lumière et la puissance de lEvangile de la grâce de Dieu (Act. 20, 24). 77. Justement jaloux du don total quil a fait au Seigneur, le prêtre doit savoir se défendre de ces inclinations du sentiment qui mettent en jeu une affectivité non suffisamment éclairée et contrôlée par lesprit et sabstenir soigneusement de chercher des justifications spirituelles et apostoliques à ce qui ne serait que des entraînements dangereux du cur. 78. La vie sacerdotale exige une intensité spirituelle, authentique et solidement établie, pour vivre de lEsprit et pour se conformer à lEsprit (Gal. 5, 25), une ascèse intérieure et extérieure vraiment virile de la part de celui qui, appartenant à un titre spécial au Christ, a en lui et pour lui crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises (Gal. 5, 24), et nhésite pas pour cela à affronter de dures et longues épreuves (cf. 1 Cor. 9, 26-27). Le ministre du Christ pourra ainsi mieux manifester au monde les fruits de lEsprit qui sont " charité, joie, paix, patience, bénignité, douceur, fidélité, modération, tempérance, chasteté " (Gal. 5, 22-23). 79. La chasteté sacerdotale est également fortifiée, garantie et protégée par un genre de vie, par un milieu et par une activité qui siéent à un ministre de Dieu: il est donc nécessaire que soit développée au maximum cette " intime fraternité sacramentelle " (42) qui lie tous les prêtres entre eux du fait de leur Ordination sacerdotale. Le Christ notre Seigneur nous a enseigné limportance du commandement nouveau de la charité et il en a donné un magnifique témoignage, précisément au moment où il institua le sacrement de lEucharistie et du sacerdoce catholique et pria le Père céleste pour que lamour avec lequel le Père la aimé depuis toujours fût dans ses ministres et Lui-même en eux (Jean 17, 26). 80. Que la communion desprit entre les prêtres soit donc parfaite et que soient intenses les échanges de prières, de paisible amitié et daide mutuelle de tout genre. On ne recommandera jamais suffisamment aux prêtres une certaine vie commune qui soriente tout entière vers le ministère proprement spirituel ; la pratique de rencontres fréquentes au cours desquelles ont lieu de fraternels échanges didées, de conseils et dexpériences entre confrères ; lencouragement à entrer dans des associations qui favorisent la sainteté sacerdotale. 81. Que les prêtres réfléchissent à lavertissement donné par le Concile (43) qui leur rappelle leur commune participation au sacerdoce afin quils se sentent vivement responsables à légard de leurs confrères en butte à des difficultés mettant sérieusement en danger le don divin qui est en eux. Quils se sentent brûler de charité pour ces confrères qui ont davantage besoin damour, de compréhension, de prières, dune aide discrète mais efficace et qui ont des titres pour compter sur la charité sans limites de ceux qui sont et doivent être plus que quiconque leurs vrais amis. 82. Nous voudrions finalement, en guise de complément et de souvenir de Notre entretien épistolaire avec vous, vénérables Frères dans lépiscopat, et avec vous, prêtres et ministres de lautel, suggérer que chacun dentre vous prenne la résolution de renouveler chaque année, au jour anniversaire de sa propre Ordination ou bien tous ensemble spirituellement unis le Jeudi Saint, jour de linstitution du sacerdoce, le don total et confiant au Christ notre Seigneur, afin de ranimer ainsi en vous la prise de conscience de votre élection à son divin service, et de réitérer en même temps, avec humilité et courage, la promesse de votre indéfectible fidélité à son unique amour et à votre oblation de chasteté parfaite (cf. Rom. 12, 1).
II. Douloureuses désertions 83. Ici cest dun cur paternel et affectueux, non sans anxiété et beaucoup de peine, que Nous Nous tournons vers ces infortunés frères dans le sacerdoce qui restent toujours Nos frères très aimés et dont léloignement fait toujours Notre regret, vers ceux-là qui, tout en conservant dans lâme la marque du caractère sacré qui leur fut conféré par lOrdination sacerdotale, ont été ou sont malheureusement infidèles aux obligations contractées au temps de leur consécration. Leur état lamentable et les conséquences privées et publiques qui en découlent portent certains à se demander si ce nest pas précisément le célibat qui est responsable en quelque manière de tels drames et des scandales qui en découlent pour le peuple de Dieu. En réalité, la responsabilité retombe non sur le célibat sacré lui-même, mais sur le fait de navoir pas su toujours évaluer à temps de manière satisfaisante et prudente les qualités du candidat au sacerdoce ou bien sur la façon dont les ministres sacrés vivent leur totale consécration. 84. LEglise est très sensible au triste sort de ces fils qui lui appartiennent et elle considère comme nécessaire de faire tous les efforts possibles pour prévenir ou pour guérir les maux qui lui viennent de leur défection. Suivant lexemple de Nos immédiats prédécesseurs de sainte mémoire, Nous avons, Nous aussi, voulu et disposé que dans les causes concernant lordination sacerdotale lenquête fût étendue à des motifs très sérieux non prévus par la législation canonique actuelle (cf. C.I.C., can. 214), motifs qui peuvent donner lieu à des doutes fondés et réels sur la pleine liberté et responsabilité du candidat au sacerdoce et sur son aptitude à létat sacerdotal - de manière à libérer ceux quun sérieux procès judiciaire fait apparaître comme nétant vraiment pas faits pour cet état de vie. 85. Les dispenses qui sont éventuellement concédées, dans une proportion en vérité minime au regard du grand nombre des prêtres bons et dignes, tout en pourvoyant avec justice au bien spirituel des individus, démontrent aussi la sollicitude de lEglise pour la sauvegarde du célibat sacré et la fidélité intégrale de tous ses ministres. En loccurrence lEglise ne procède quavec tristesse, spécialement dans les cas particulièrement douloureux où le refus de porter dignement le joug suave du Christ est dû à des crises de foi ou à des faiblesses morales et où par conséquent il engage souvent la responsabilité de lintéressé et suscite le scandale des fidèles. 86. Oh! sils savaient ces prêtres quelle peine, quel déshonneur, quelle inquiétude ils causent à la sainte Eglise de Dieu, sils réfléchissaient à la solennité et à la beauté des engagements quils ont pris et aux dangers auxquels ils sexposent en cette vie et pour la vie future, ils seraient plus prudents et plus réfléchis dans leur décision, plus assidus à la prière, plus logiques et courageux dans la prévention des causes de leur chute spirituelle et morale. 87. LEglise manifeste un intérêt maternel particulier pour les cas des prêtres encore jeunes, qui avaient commencé avec zèle et enthousiasme leur vie de ministère : nest-il pas facile aujourdhui, dans la tension de lengagement sacerdotal, quils éprouvent un moment de découragement, de doute, de passion, de folie ? Cest pourquoi lEglise veut que lon tente, spécialement pour ces cas, tous les moyens de persuasion en vue daider le frère qui chancelle à retrouver la paix et la confiance, à sengager dans la voie du repentir et de la reprise ; cest seulement lorsque le cas ne présente aucune autre solution possible que linfortuné ministre de lEglise est exclu de lexercice du ministère sacerdotal. 88. Sil savère que le sujet soit irrécupérable pour le sacerdoce mais quil présente cependant de sérieuses et bonnes dispositions en vue dune vie chrétienne de laïc, le Siège Apostolique, après avoir étudié toutes les circonstances et daccord avec lOrdinaire du lieu ou avec le Supérieur religieux, laissant encore lamour lemporter sur la douleur, concède parfois toutes les dispenses requises, non sans les accompagner de limposition duvres de piété et de réparation, afin que demeure dans ce fils infortuné, mais toujours cher, un signe salutaire de la douleur maternelle de lEglise et un rappel plus vif du besoin que nous avons de la divine miséricorde. 89. Une telle discipline, sévère et miséricordieuse à la fois, sinspirant toujours de la justice et de la vérité, dune prudence et dune réserve suprêmes, contribuera sans aucun doute à confirmer les bons prêtres dans leur propos de vivre dune manière irréprochable et sainte, et, pour les aspirants au sacerdoce, elle sera un avertissement qui les aidera, sous la sage direction de leurs éducateurs, à avancer vers lautel en pleine connaissance de cause, avec un désintéressement absolu, avec le désir généreux de correspondre à la grâce divine et à la volonté du Christ et de son Eglise. 90. Enfin, Nous ne voulons pas manquer de remercier le Seigneur avec une joie profonde, en signalant quun bon nombre de ceux qui furent malheureusement infidèles pour un temps à leurs engagements, ont pu, en recourant avec une émouvante bonne volonté à tous les moyens adaptés et principalement à une vie de prière intense, dhumilité, defforts persévérants soutenus par lassiduité au sacrement de pénitence, retrouver par la grâce du Souverain Prêtre la voie juste et redevenir, pour la joie de tous, ses ministres exemplaires.
IV. La paternité de l'Evêque LEvêque et ses prêtres 91. Les prêtres, si chers à Notre cur, ont le droit et le devoir de trouver en Vous, Vénérables Frères dans lépiscopat, une aide irremplaçable et très solide pour observer plus aisément et plus heureusement les engagements quils ont pris. Cest vous qui les avez acceptés et destinés au sacerdoce, cest vous qui leur avez imposé les mains ; cest à vous quils sont unis dans la charge sacerdotale et en vertu du sacrement de lOrdre ; cest vous quils rendent présent dans la communauté de leurs fidèles ; cest à vous quils sont unis dun cur confiant et magnanime, prenant sur eux, selon leur degré, vos devoirs et votre sollicitude.(44) En choisissant le célibat sacré, ils se sont réglés sur lexemple de ce qui a été pratiqué depuis lAntiquité par les évêques dOrient et dOccident : cela constitue entre lévêque et le prêtre un nouveau motif de communion et une raison de la vivre plus intimement. 92. Toute la tendresse de Jésus pour ses Apôtres se manifesta en pleine évidence lorsquil les fit les ministres de son Corps réel et de son Corps mystique (cf. Jean ch. 13-17) ; vous aussi, dans la personne de qui " le Seigneur Jésus-Christ, Souverain Pontife, est présent au milieu des fidèles ",(45) vous savez devoir le meilleur de votre cur et de vos soucis pastoraux aux prêtres et aux jeunes gens qui se préparent au sacerdoce.(46) Vous ne pourrez mieux manifester cette conviction que par le sens de votre responsabilité et par la charité sincère et inépuisable avec laquelle vous présiderez à léducation des séminaristes et aiderez par tous les moyens les prêtres à se maintenir fidèles à leur vocation et à leurs devoirs. 93. Que la solitude humaine du prêtre, source assez fréquente de découragements et de tentations, soit comblée avant tout par votre présence et votre action fraternelles et amicales.(47) Avant dêtre des supérieurs et des juges, soyez pour vos prêtres des maîtres, des pères, des amis et des frères bons et miséricordieux, prêts à comprendre, à compatir, à aider. Encouragez de toutes les manières vos prêtres à avoir avec vous une amitié personnelle et une ouverture confiante, qui ne supprime pas mais domine dans la charité pastorale le rapport dobéissance juridique, afin que lobéissance elle-même soit plus généreuse, loyale et sûre. Une amitié dévouée et une confiance filiale envers vous permettront aux prêtres de vous ouvrir à temps leur âme, de vous confier leurs difficultés, dans la certitude de pouvoir toujours disposer de votre cur pour vous faire confidence même des échecs éventuels, sans la crainte servile du châtiment, mais dans lattente filiale de la correction, du pardon et du secours qui les encourageront à reprendre avec une nouvelle confiance leur chemin ardu. 94. Vous êtes certainement tous convaincus, Vénérables Frères, que rendre à une âme sacerdotale la joie et lenthousiasme pour sa propre vocation, la paix intérieure et le salut, est un important et magnifique ministère qui a des répercussions incalculables sur une multitude dâmes. Et si, à un certain moment, vous êtes contraints de recourir à votre autorité et à une juste sévérité envers le petit nombre de ceux qui, après avoir résisté à votre cur, causent par leur conduite le scandale du peuple de Dieu, ayez soin en prenant les mesures nécessaires, de viser avant tout à obtenir leur repentir. A limitation du Seigneur Jésus, Pasteur et Evêque de nos âmes (1 Petr. 2, 25), ne brisez pas le roseau déjà froissé, néteignez pas la mèche qui fume encore (Mt. 12, 20) ; guérissez les plaies comme Jésus (cf. 9, 12), sauvez ce qui était perdu (cf. Mt. 18, 11), allez, avec anxiété et amour, à la recherche de la brebis perdue pour la reporter à la chaleur du bercail (cf. Luc 15, 24 ss.) et tentez comme lui jusquà la fin (cf. Luc 22, 48) de rappeler lami infidèle. 95. Nous sommes sûrs, Vénérables Frères, que vous ne négligerez rien pour cultiver assidûment dans votre clergé, par votre doctrine et votre sagesse, par votre ferveur pastorale, lidéal du célibat sacré, et que vous ne perdrez jamais de vue les prêtres qui ont abandonné la maison de Dieu, qui est leur vraie maison, quelle que soit lissue de leur douloureuse aventure, car ils restent pour toujours vos fils.
V. La part des fidèles 96. La vertu sacerdotale est un bien de lEglise tout entière, cest une richesse et une gloire non humaine, qui a pour effet lédification et le bien de tout le peuple de Dieu; cest pourquoi Nous voulons adresser Notre affectueuse et pressante exhortation à tous les fidèles, Nos fils dans le Christ, pour quils se sentent responsables, eux aussi, de la vertu de leurs frères qui se sont chargés de la mission de les servir dans le sacerdoce pour leur salut. Quils prient et quils semploient pour les vocations sacerdotales et quils aident les prêtres avec dévouement et amour filial, dans une collaboration docile, dans lintention bien délibérée de leur offrir le réconfort dune joyeuse correspondance à leurs soucis pastoraux. Quils aident leurs pères dans le Christ à vaincre les difficultés de tout genre quils rencontrent pour accomplir leurs devoirs avec une entière fidélité, pour lédification du monde. Quils entretiennent, en esprit de foi et de charité chrétienne, un profond respect et un réserve délicate envers le prêtre, spécialement en ce qui concerne sa condition dhomme entièrement consacré au Christ et à lEglise. 97. Notre invitation sadresse particulièrement aux laïcs qui cherchent Dieu de façon plus assidue et intense et qui tendent à la perfection dans la vie séculière; par leur amitié dévouée et cordiale, ils pourront aider grandement les ministres sacrés. Les laïcs en effet qui sont insérés dans lordre temporel et en même temps engagés dans une correspondance plus généreuse et plus parfaite à la vocation de leur baptême, sont à même, dans certains cas, déclairer et de réconforter le prêtre qui, plongé dans le mystère du Christ et de lEglise, pourrait voir entamer lintégrité de sa vocation du fait de certaines situations et des facteurs troublants de lesprit du monde. De cette manière, tout le peuple de Dieu honorera le Seigneur Jésus en ceux qui Le représentent et dont Il a dit : " Qui vous reçoit me reçoit et qui me reçoit reçoit Celui qui ma envoyé " (Mt. 10, 40), promettant une récompense certaine à qui exercera, de quelque manière que ce soit, la charité envers ses envoyés (ibid. v. 42).
CONCLUSION
Lintercession de Marie 98. Vous, Nos Vénérables Frères, Pasteurs du troupeau de Dieu dispersé sous tous les cieux, et vous, prêtres très chers, Nos frères et Nos fils, au moment de conclure cette lettre que Nous vous adressons, lâme ouverte à toute la charité du Christ, Nous vous invitons à tourner le regard et le cur vers la très douce Mère de Jésus et Mère de lEglise, avec une confiance renouvelée et une espérance filiale, pour invoquer sur le sacerdoce catholique son intercession maternelle et puissante. En elle le peuple de Dieu admire et vénère la figure et le modèle de lEglise du Christ dans lordre de la foi, de la charité et de la parfaite union avec Lui. Vierge et Mère, que Marie obtienne à lEglise, appelée elle aussi vierge et mère,(48) de se glorifier humblement et toujours de la fidélité de ses prêtres au don sublime de la virginité sacrée et de le voir fleurir et apprécier dans une mesure toujours plus grande dans tous les milieux, afin que croisse sur la terre le nombre de ceux qui suivent lAgneau divin partout où il va (cf. Apoc. 14, 4). 99. LEglise proclame hautement son espérance dans le Christ : elle a conscience de la pénurie dramatique de prêtres par rapport aux besoins spirituels de la population du monde, mais elle est ferme dans son attente, fondée sur les ressources infinies et mystérieuses de la grâce: la qualité spirituelle des ministres sacrés engendrera aussi leur augmentation en nombre, parce que tout est possible à Dieu (cf. Marc 10, 27; Luc 1, 37). Dans cette foi et dans cette espérance, que la bénédiction apostolique que Nous vous accordons de tout Notre cur soit pour vous tous un gage des grâces célestes et un témoignage de Notre paternelle bienveillance.
Donné à Rome, près Saint Pierre, le 24 juin, fête de St Jean-Baptiste, de lan 1967, le 5ème de Notre Pontificat.
NOTES
(1) Lettre du 10 octobre 1965 à lEminentissime Card. E. Tisserant, lue dans la 146e Congrégation générale du 11 octobre. (2) Conc. Vat. II, Decr. Christus Dominus, n. 35 ; Apostolicam actuositatem, n. 1 ; Presbyterorum Ordinis, nn. 10, 11; Ad Gentes, nn. 19, 38. (3) Conc. Vat. II, Const. Gaudium et spes, n. 62. (4) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 16. (5) Conc. Vat. II, Const. dogm. Dei Verbum, n. 8. (6) Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen Gentium, n. 28; Decr. Presbyterorum Ordinis, n. 2. (7) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 16. (8) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 16. (9) Const dogm. Lumen Gentium, n. 42. (10) Cf. Const. dogm. Lumen Gentium, n. 42; Decr. Presbyter. Ordinis, n. 16. (11) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 14. (12) Cf. Decr. Presbyter. Ordinis, n. 13. (13) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 5. (14) Decr. Optatam totius, n. 10. (15) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 16. (16) Const. past. Gaudiurm et spes, n. 39. (17) Const. dogm. Lumen Gentium, n. 5. (18) Const. dogm. Lumen Gentium, n. 48. (19) Conc. Vat. II, Decr. Perfectae caritatis, n. 12. (20) Cf. Tertullien, De exhor. castitatis, 13; PL 2, 930; S. Epiphane, Adv. haer. II, 48, 9 et 59, 4; PG 41, 869, 1025; S. Ephrem, Carmina nisibena, XVIII, XIX, ed. G. Bickell, Lipsiae 1866, p. 122; Eusebe de Césarée, Demonstr. evang. 1, 9; PG 22, 81; S. Cyrille de Jérusalem, Catech. 12, 25; PG 33, 757; S. Ambroise, De offic. ministr. 1, 50; PL 16, 97 ss.; S. Augustin, De moribus Eccl. cathol. 1, 32; PL 32, 1339; S. Jérome, Adv. Vigilant. 2, PL 23, 340-41 ; Sinesio Ev. de Tolom., Æpist. 105; PG 66, 1485. (21) La première fois au Concile dElvire en Espagne (c. a. 300), c. 33; Mansi II, 11. (22) Sess. XXIV, can. 9-10. (23) S. Pie X, Exhort. Haerent animo, 4 aug. 1908; ASS 41, 1908, pp. 555-557; Benoit XV, Lett. à lArchev. de Prague F. Kordac, 29 janv. 1920: AAS 12, 1920, p. 57 s.; Alloc. consist. 16 dec. 1920: AAS 12, 1920, pp. 585-588; Pie XI, Enc. Ad catbolici sacerdotii 20 déc. 1935: AAS 28, 1936, pp. 24-30; Pie XII, Adhort. Ap. Menti Nostrae, 23 sept. 1950: AAS 42, 1950, pp. 657-702; Enc. Sacra virginitas, 25 mars 1954: AAS 46, 1954, pp. 161-191; Jean XXIII, Enc. Sacerdotii Nostri primordia, 1 aug. 1959: AAS 51, 1959, pp. 554-556. (24) Alloc. II au Synode Romain, 26 janvier 1960: AAS 52, 1960, pp. 235-236 (texte lat. p. 226). (25) Can. 6, 12, 13, 48: Mansi XI, 944-948, 965. (26) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 16. (27) De Virginitate, 13: PG 46, 381-382. (28) De Sacerdotio, l. III, 4: PG 48, 642. (29) Const. dogm. Lumen Gentium, nn. 21, 28, 64. (30) Const. cit., n. 29. (31) Const. cit., n. 42. (32) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 16. (33) Decr. Optatam totius, n. 2; Presbyterorum Ordinis, n. 11. (34) Confess. X, 29, 40: PL 32, 796. (35) Cf. 1 Tess 2, 11; 1 Cor. 4, 15; 2 Cor. 6, 13; Gal. 4, 19: 1 Tim. 5, 1-2. (36) Decr. Presbyter. Ordinis, n 3. (37) Decr. Optatam totius, nn. 3-11; cfr. Perfectae caritatis, n. 12. (38) S. Thomas dAquin, Summa th. IIa-IIae q. 184, a. 8 c. (39) Decr. Optatam totius, n. 12. (40) Decr. Presbyter. Ordinis, nn. 16, 18. (41) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 18. (42) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 8. (43) Decr. cit., ibid. (44) Const. dogm. Lumen Gentium, n. 28. (45) Const. dogm. Lumen Gentium, n. 21. (46) Decr. Presbyter. Ordinis, n. 7. (47) Decr. cit., ibid. (48) Const. dogm. Lumen Gentium, nn. 63, 64. |